Près de 40% des Français seraient multibancarisés. D’où l’intérêt, pour eux, d’accéder à leurs comptes et données bancaires à partir d’une seule appli, ou agrégateur bancaire. Ces agrégateurs apportent généralement plusieurs avantages :

– l’état des comptes pour chaque banque

– la structure des dépenses (ventilées automatiquement dans des catégories comme logement, transport, alimentation, loisirs, etc.)

– les dépenses liées à une enseigne

– une estimation des impôts et taxes

– un service d’alertes (pour signaler un risque de découvert, par exemple)

– une estimation de la capacité d’épargne…

De tels avantages ont d’abord été identifiés et proposés par plusieurs start-ups françaises – dont les plus connues sont Linxo et Bankin. Et certaines banques ont suivi, soit en créant leur appli, soit en adoptant les technologies créées par des start-ups (Crédit du Nord, BPCE, Société Générale, Boursorama, ING Direct…).

« Dans le domaine bancaire, les utilisateurs sont clairement en train de prendre le pouvoir. Grâce aux agrégateurs bancaires, ils se placent désormais à la croisée de plusieurs chemins. Vont-ils choisir les services de telle banque ou de telle autre ? Ou ceux proposés par la start-up elle-même ? Attention, c’est l’expérience client qui va faire toute la différence ! », prévient Olivier Poggioli, directeur business unit Services Financiers chez Webhelp.

Linxo et Bankin en pole position

Pour sa part, Linxo revendique plus d’1 million d’utilisateurs en France et travaille à son déploiement en Europe. La start-up d’Aix en Provence propose son appli gratuitement sur son site. On peut également en utiliser la technologie via les applis dédiées de BforBank, Fortuneo, HSBC et de l’assureur mutualiste Maif (appli Nestor). Parmi les actionnaires de Linxo, on trouve le Crédit Agricole et le Crédit Mutuel Arkea.

Quant à la parisienne Bankin, elle revendique près de 1,7 millions utilisateurs (en France, Allemagne, Angleterre et Espagne), et se positionne comme « le seul acteur indépendant des banques en Europe ». Sa 6ème année d’existence a été marquée par une levée de fonds de 8,4 millions d’euros auprès d’Omnes Capital, CommerzVentures, Generation NewTech et de business angels, en janvier 2017.

 

DSP2 : la législation européenne évolue vers l’open banking

Pour la première fois en Europe, l’appli Bankin permet désormais d’ordonner des virements. Cet avantage pour l’utilisateur est aussi un pas en avant en direction de l’ubérisation des banques, si l’on en croit certains analystes. En effet, en se plaçant ainsi au-dessus d’elles, l’appli se pose en nouvel intermédiaire, comme l’affirme un communiqué de presse d’Omnes Capital : « …vers un rôle de « coach » personnel indépendant des banques, capable de gérer l’argent au quotidien en fonction de la situation de l’utilisateur : virement intelligent pour éviter le découvert et booster l’épargne, suggestions de renégociation de son crédit immobilier, conseils de bonne gestion… ».Pour les banques, le risque est aussi que leurs clients ne viennent plus sur leurs sites ou n’utilisent plus leurs app. mais choisissent l’agrégateur proposant la meilleur expérience utilisateur… au risque qu’il appartienne à un concurrent !! Or utiliser une app. ou un site est une preuve d’attachement à une marque et un acte fidélisant, surtout dans le monde bancaire où les app font partie des + utilisées !

L’étape suivante se profile donc déjà : l’ouverture du marché avec la nouvelle directive européenne des services de paiement (DSP2), programmée pour janvier 2018. Elle marquera probablement le début d’une série de services « rupturistes », la législation européenne évoluant dans le sens de l’open banking.

Pour les banques, les risques d’ubérisation sont donc bien réels : dans ce domaine, comme dans tant d’autres, la qualité du parcours client fera toute la différence. A suivre !