L’eIDAS 2.0 (Electronic Identification And trust Services) est la nouvelle réglementation sur l’identification électronique adoptée par le Parlement européen et le Conseil de l’Union Européenne. Elle vise à renforcer la sécurité et la confiance des utilisateurs dans les interactions digitales au sein de l’UE, et créer un environnement digital à la fois fiable et fluide.
Dans cet article, nous vous expliquons tout ce qu’il faut savoir sur cette nouvelle réglementation et ses impacts sur les activités de KYC / KYB :
- Quelles évolutions avec l’eIDAS 2.0 ?
- Comment l’identité numérique sera-t-elle mise en œuvre ?
- Quels impacts en termes de KYC / KYB ?
A l’heure de la digitalisation des processus, mais également de l’explosion des fraudes et des activités cyber criminelles, les notions d’identité numérique et de confiance numérique sont plus que jamais d’actualité. Les activités de KYC (ou KYB) à distance sont en pleine expansion et de nombreuses entreprises ont développé des outils et services permettant aux clients de transmettre leurs données d’identité certifiées via des accès sécurisés.
Dans ce contexte, la réglementation eIDAS 2.0 est en cours de mise en œuvre afin d’uniformiser ces process et standards techniques au niveau européen.
Quelles évolutions avec l’eIDAS 2.0 ?
Avec l’identité numérique européenne eIDAS 2.0, il sera désormais possible de disposer d’un moyen d’identification unique et reconnu au sein de l’Union Européenne. Et cela ne concernera pas uniquement les pièces d’identité, mais l’ensemble des attributs (tels que la nationalité, l’âge ou encore le statut marital) permettant d’authentifier une personne dans le cadre d’une relation à distance.
L’objectif de la Commission Européenne est d’offrir à au moins 80% des citoyens la possibilité d’utiliser une identité numérique, et ce, dans le but d’accéder à des services publics et privés dans les pays de l’UE d’ici 2030. Une étude de Juniper Research révèle que le nombre de cas d’usage d’identité numérique dans le monde dépassera 4,1 milliards d’ici 2027, versus 2,3 milliards en 2023, soit une augmentation de 82 % en quatre ans.
Comment l’identité numérique sera-t-elle mise en œuvre ?
- Les citoyens européens pourront se voir attribuer un « wallet » de la part d’organismes reconnus et certifiés, c’est-à-dire une application mobile regroupant leurs pièces d’identité, mais également leurs attributs d’identité tels que le permis de conduire, diplômes, attestations de mutuelles, qualifications et certifications de compétences, etc.
- La création et la mise à jour des données de ce wallet seront réalisées par des fournisseurs d’attestation électroniques certifiés (type PVID en France) qui pourront collecter et contrôler les attributs sur des registres nationaux (services publiques, centre d’imposition, …).
- Pour accéder à son wallet, l’utilisateur devra d’abord procéder à la création d’un identifiant unique sécurisé (via son registre d’état civil, numéro de sécurité social, ou autre) tout comme le service France Connect en France.
- Il pourra ensuite s’authentifier via un process de MFA (Multi Factor Authentification) via son smartphone et un autre dispositif pour confirmer son identité.
Quels impacts en termes de KYC / KYB ?
Les processus Know Your Customer nécessiteront toujours un contrôle de l’identité, qu’elle soit physique ou numérique. En revanche, plusieurs processus se verront simplifiés avec le passage de la réglementation eIDAS 2.0 :
- Les processus de collecte des données clients vont fortement évoluer puisque les entreprises auront désormais accès aux wallets de leurs clients (personnes physiques ou morales) dans toute l’Union Européenne.
- Il ne s’agira donc plus de lancer des opérations de prises de contact et de relance en masse, coûteuses et souvent néfastes du point de vue de l’expérience client, mais d’obtenir l’accès aux informations nécessaires dans le wallet de ses clients.
- Le processus de vérification s’en verra également simplifié, avec des délais raccourcis et un risque d’avantage maitrisé, les informations du wallet ayant déjà été certifiées.
La mise en œuvre de l’identification numérique européenne via le règlement eIDAS 2.0 va ainsi modifier en profondeur les processus d’onboarding et de souscription de services au niveau européen, en les rendant plus fluides et plus rapides.
Ces évolutions ne se feront cependant pas du jour au lendemain. En effet, l’adoption d’un wallet ne sera pas imposée aux citoyens européens par la réglementation eIDAS 2.0. Ces derniers pourront choisir, ou non, de s’en doter, en fonction de la confiance qu’ils porteront dans ce dispositif et des moyens technologiques à leur disposition.
On peut également entrevoir l’arrivée de nouveaux acteurs œuvrant dans la collecte et la vérification d’attributs, la certification de documents, ou de preuve de livraison. Il semble donc que le marché connaisse une forte croissance dans les 10 prochaines années, et que les champs d’application des wallets évoluent vers l’ensemble des documents administratifs et juridiques des personnes.
Doit-on cependant en conclure qu’il ne sera plus nécessaire d’investir dans des ressources technologiques et humaines pour assurer ses processus de KYC ? Rien n’est moins sûr ! Car les techniques de blanchiment d’argent de financement du terrorisme seront toujours plus sophistiquées et adaptées à ces nouveaux environnements. Comment faire face à un wallet falsifié ou usurpé ? Comment gérer la période de transition durant laquelle cohabiteront des processus KYC classiques et digitalisés ? D’autant que seule la zone européenne est concernée et il faudra prendre en compte les dispositifs lancés sur les autres marchés.
Dans ce contexte, les sociétés spécialisées dans le KYC apparaissent plus que jamais comme une solution pertinente afin de bénéficier des dernières technologies (OCR, IA, robotisation), des experts de la détection de la fraude, avec une capacité d’adaptation aux évolutions réglementaires en constante évolution. La maitrise des coûts (notamment pendant la période transitoire) et des risques face à des parcours clients digitalisés resteront des avantages clés sur des marchés concurrentiels.